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"Bonjour, bienvenue à l’accueil Ressources humaines salariés. Pour continuer, appuyez sur la touche étoile de votre téléphone" : le documentaire "Orange amère" dresse un constat plutôt sombre des efforts de France Télécom pour remettre l’humain au coeur de l’entreprise.
Patricia Bodet et Bernard Debord, réalisateurs du film qui sera diffusé sur France 5 le 8 février, ont ausculté le groupe pendant plus d’un an, après le vingt-huitième suicide d’un salarié en vingt mois, celui de Jean-Paul Rouanet, 51 ans, le 28 septembre 2009.
Leur constat est mitigé. Annoncé comme prioritaire après les suicides de salariés (plus de 50 à ce jour, selon l’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom, créé par des syndicats), le chantier des ressources humaines de proximité peine à se mettre en place.
Devant les caméras, une employée qui tente de contacter le centre d’appel chargé des ressources humaines entend : "Tous nos assistants sont déjà en ligne : nous vous invitons à nous contacter ultérieurement".
Une scène qui témoigne de la difficulté à modifier la culture d’entreprise de ce fleuron du service public, forcé de subir une importante restructuration après sa privatisation en 1997.
Même si "Orange amère" est un documentaire plutôt à charge, le film met en lumière les espoirs suscités par l’arrivée en mars 2010 du nouveau directeur général Stéphane Richard, présenté comme "l’homme de la rédemption".
Le film, qui s’appuie sur les témoignages des employés, du cabinet Secafi mandaté pour enquêter sur le suicide de Jean-Paul Rouanet et de la direction, illustre également un effort de transparence rare de la part du groupe.
Les réalisateurs retracent l’histoire de France Télécom, en particulier après l’arrivée en 2005 du PDG Didier Lombard.
L’entreprise privée, mais composée essentiellement de fonctionnaires, a alors brutalement découvert la mobilité contrainte, rebaptisée en interne le "Time to move" (alias "Tire-toi maintenant", selon certains employés).
Pour Patrick Ackermann, de Sud, "la machine à exclure, à pousser à la démission, à la mutation, à la mobilité, etc. a fonctionné", provoquant 22.000 "départs contraints" entre 2006 et 2008.
Depuis, et même si les 100.000 salariés en France ne semblent pas douter de la bonne volonté du nouveau directeur, la défiance est toujours de mise.
Tout en affichant son optimisme, Stéphane Richard le dit lui-même : "ce qui manque le plus peut-être aujourd’hui chez France Télécom, c’est la confiance".
Et malgré des initiatives multiples pour déstresser les salariés : cours de Qi Gong, dégustations de crêpes, ou tombolas, certains employés évoquent toujours "la boule au ventre" à l’annonce des objectifs de vente en début de mois.
Tout en professant son enthousiasme pour les barbecues, un manager, Serge Chabannes, n’oublie pas les objectifs : "Le haut débit, c’est la catastrophe. J’ai honte, j’ai honte pour vous", assène-t-il à son équipe sous l’oeil des caméras.
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http://www.youtube.com/watch?v=PK080YkNudY
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